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La porte s’ouvrit, malgré mon observation, et je vis apparaître le minois blond et souriant de Madame Zéolis.

J’étais contrariée, mais il fallait faire contre fortune bon cœur, et inviter la jeune femme à s’asseoir.

— Ce sera bientôt fini, madame !

— Ne vous pressez pas pour moi, mademoiselle Marie.

— Dieu ! la jolie robe !… Vous permettez, Madame ?

— Comme elle vous va bien !… C’est une robe de bal, n’est-ce pas ? Comme vous devez être jolie, avec ce costume !

Effectivement, mademoiselle Blanche, grande, mince, élancée, avec ses cheveux noirs et sa peau d’un blanc mat, formait un contraste étrange avec cette petite femme toute blanche, toute blonde, toute mignonne, un vrai bouton de rose.

La glace était rompue et, malgré mes efforts pour interrompre cette conversation qui m’était pénible au plus haut degré, — vous saurez tout à l’heure pourquoi, il me fut impossible d’arrêter le bavardage de madame Zéolis… Pour comble de malheur, le maudit corsage n’allait pas, il fallait épingle sur épingle, fil sur fil.