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Le malade était un peu mieux et lorsqu’Arthur lui dit en arrivant :

— Vous avez une bonne figure, mon oncle, mais vous pouvez vous vanter de m’avoir fait une fière peur.

La large face de l’oncle Totor, s’épanouit, et attirant son neveu près de lui…

— Je me sens mieux, dans ce moment, mon enfant, c’est vrai, mais ce n’est pas pour longtemps, car mon docteur, que j’ai adjuré de dire la vérité à un vieil épicurien comme moi m’a dit que mon affaire était faite…

Dame aussi, mon garçon, j’ai bien vécu.

Courte et bonne, c’était ma devise. Je paye aujourd’hui ; tant pis, j’aime mieux cela que d’avoir traîné une vie ennuyeuse.

— Mais vous avez beaucoup travaillé aussi, cher oncle !

— Je le crois fichtre bien, c’est moi qui ai inventé le tailleur pour dames !

Elles étaient si contentes d’être habillées par moi les chères petites ! — Et le bonhomme fit claquer sa langue en prenant un air malicieux.

— Mais, mon oncle Totor, vous allez vous fatiguer, vous parlez trop !

— Non, mon beau neveu, cela me réjouit au contraire de te voir et de parler du passé.