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Tu n’entendras plus longtemps ton vieil oncle ; laisse le donc rabâcher, et fais-toi servir à déjeuner, près de son lit, puisque l’on ne veut pas qu’il boive du Bordeaux : en te le voyant boire, il croira qu’il est encore à table avec toi. Il t’aurait bien tenu tête l’oncle Totor, mon gaillard !

En peu de mots, nous raconterons son histoire. L’oncle Totor, était venu de sa province, la Normandie, de bonne heure, mais, n’ayant pas les aptitudes de son frère le père d’Arthur, qui, élève de l’école centrale s’était fait ingénieur. Dans cette carrière il avait amassé plus de gloire que d’argent.

Mort jeune, il avait laissé à son fils une modeste fortune qu’Arthur s’était empressé de manger en deux ans.

L’oncle Totor, dis-je, était entré dans le commerce, puis après, dans une grande maison de confections, où il devint coupeur ; puis, comme il avait beaucoup de goût, il fût appelé par ses patrons à la gérance de la maison.

Plus tard, ayant trouvé un associé anglais, il fonda une maison de couture pour les dames.

Il mit alors pompeusement cette enseigne sur son riche appartement du premier étage : Burt et Cie, tailleurs pour dames.