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C’était nouveau ; Burt avait énormément de goût, tout Paris courut chez lui ; c’est ainsi qu’en quelques années, Burt pût se séparer de son associé, après avoir amassé cinquante mille livres de rentes, et en avoir dépensé autant en plaisirs et en bonne chère.

La guerre de 1870 étant arrivée, l’empire tombé, ses bonnes clientes s’en furent les unes à l’étranger, les autres ruinées se retirèrent du monde.

Alors le tailleur qui regrettait ses chères belles petites, ainsi qu’il nommait les clientes, vendit sa maison, se retira dans son château de Normandie pour y vivre dans la bonne chère, se proposant de faire venir son coquin de neveu, comme il l’appelait, de le marier, et de finir ses jours entre une bonne table et ses petits neveux…

Mais l’homme propose, et la… trop bonne vie indispose !… toujours est-il, que l’oncle Totor en était à sa troisième attaque, quand on appela Arthur, et qu’il n’avait plus que quelques jours à vivre.

— Voyons, mon gredin de neveu, maintenant que tu as bien déjeuné, causons, veux-tu ?

— Ah ! mon oncle, avec plaisir.

— Je n’ai plus que quelques heures, quel-