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— Voilà, voilà, Monsieur.

— Madame Émile, allez vîte me chercher à déjeuner chez Foyot : un perdreau truffé, du poisson, du vin de bordeaux ou de champagne, enfin, un fin repas pour deux.

— Pour deux, Monsieur Emmanuel ! c’est bon ; compris.

— Monsieur Emmanuel, dit une voix qui partait de la pièce à côté, n’oubliez pas les huîtres et le châblis.

— Décidément, elle va bien, se dit le jeune homme, ce ne sera pas un siège long à faire ; qui diable peut-elle être ? Bah ! une demoiselle de magasin en rupture de comptoir. En tout cas, elle est ravissante et tu es un heureux coquin, mon ami Emmanuel.

Puis le jeune homme rentra dans le petit salon et se glissant sur le tabouret, aux pieds de la jeune femme, prit ses mains qu’il enserra dans les siennes et lui dit : « Nous n’avons plus qu’un peu de patience à avoir ; en attendant, causons, chère belle, voulez-vous ? »

De quoi peuvent parler une jolie femme et un joli garçon ? d’amour, bien certainement ; c’est ce que firent nos deux héros, tant et si bien qu’ils avaient presque oublié le déjeuner lorsque madame Émile rentra pour dresser le couvert.