Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/12

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indépendantes dont le concours produit l’harmonie universelle. Aux formes multiples des révélations divines répondent celles des sociétés humaines, au monothéisme la monarchie, au panthéisme les castes, au polythéisme la république. Le réel est le miroir de l’idéal, et l’homme, qui, selon les poètes, est fait à l’image des Dieux, cherche à reproduire clans ses institutions et dans ses œuvres l’idée qu’il se forme de l’ordre général du monde.

La religion grecque est la plus haute expression du polythéisme. La notion divine particulière à la Grèce, la révélation spéciale qu’elle a apportée dans l’histoire, est l’idée de la Loi, c’est-à-dire de l’ordre, de la proportion, de l’harmonie. « Les anciens Grecs, dit Hérodote, ne savaient pas les noms des Dieux ; ils les appelaient simplement les Lois Θεούς, à cause de l’ordre qui règne dans l’univers. » Les divinités helléniques ne sont pas seulement, comme celles des autres nations, des Forces, des Puissances, des Causes, ce sont des Lois vivantes. A cette religion de la Loi correspondent la morale du droit, appliquée dans la cité républicaine, et le culte de la beauté manifesté dans l’art. Si on veut connaître les principes générateurs de la civilisation hellénique, c’est dans le polythéisme qu’il faut les chercher. C’est en lui que les Grecs ont trouvé les deux formes de la loi, la justice et la beauté, qu’ils ont réalisées