Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/275

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étaient naturellement les premiers personnages de l’État ; ailleurs leur condition était beaucoup plus humble. Cependant c’étaient toujours des citoyens ; les ierodouloi, employés à la culture des champs dont le revenu servait à l’entretien de quelques temples, étaient plutôt des serfs sacrés que des prêtres serfs. Aristote, dans sa République, veut même exclure du sacerdoce les artisans et les laboureurs, parce qu’il regardait ces professions comme serviles. Mais la vraie société grecque, avant les jours de sa décadence, valait mieux que les utopies aristocratiques des philosophes. À l’exception des États doriens, où une oligarchie militaire était nourrie par une population de serfs, la domesticité n’était qu’un accident, une conséquence de la guerre, et aucune fonction n’était réputée servile. Le sacerdoce ne semblait pas incompatible avec une autre occupation, et le sentiment d’égalité qui formait le trait dominant du caractère grec tendait à rendre les fonctions religieuses, comme les fonctions politiques, accessibles à tous, et à les soumettre au principe républicain de l’élection populaire. Dans l’Iliade, Théano, femme d’Anténor, est choisie par les Troyens pour être prêtresse d’Athéna ; car il y avait des prêtresses comme il y.avait des prêtres, par une conséquence naturelle du principe de l’équivalence des