Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/277

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même moule, et il y a autant de différence entre eux qu’entre les individus. Nous avons fait du sacerdoce ancien une sorte de bouc émissaire ; soit qu’on défende la religion chrétienne, soit qu’on l’attaque, on laisse rarement échapper une occasion d’accuser les prêtres du polythéisme d’ambition et d’intrigue, de fourberie et d’imposture. Mais ces accusations n’étaient pas portées contre eux dans l’Antiquité : ils s’occupaient de leurs cérémonies, et personne ne parlait d’eux.

Quoique l’élection fût généralement appliquée aux fonctions religieuses, il y avait des cultes particuliers dont les ministres étaient toujours choisis dans certaines familles ; ces cultes étaient comme leur patrimoine, et les Grecs cherchaient toujours à concilier les droits de la famille et les droits de l’État. Il arrive souvent qu’un père transmet à ses enfants pour tout héritage les fruits de sa propre expérience, et, par une éducation spéciale, les met en état de le remplacer ; de même qu’il y a dans nos campagnes des recettes médicales transmises de père en fils, il y avait dans l’Antiquité des familles d’aèdes, de devins, de médecins ; mais alors c’étaient autant de familles sacerdotales, car toute science avait un caractère religieux ; les poètes étaient prêtres des Muses, les devins prêtres d’Apollon, les médecins prêtres d’Asclépios. Souvent même ils se donnaient comme les descendants des divinités qu’ils servaient, car les Grecs expriment volontiers l’idée d’un lien moral par l’image d’une filiation directe : ainsi Homère explique l’habileté des Égyptiens