Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/38

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Mais il y avait alors comme aujourd'hui îles esprits plus curieux de science que d'art. L'hiérophante leur expliquait que Persephatta, fille de Zeus et de Demeter, était la végétation, fille de la terre et de l'air, enfermée pendant l'hiver dans les royaumes souterrains d'Hadès, et renaissant au printemps pour charmer le ciel et consoler la terre.

Il y avait aussi des esprits inquiets de la destinée de l'homme. Persephoné leur apparaissait comme la nocturne Hécate, reine des ombres, et leur révélait les mystères de la vie et delà mort, la transmigration et l'épuration successive des âmes. C'était la grande initiation : on s'y préparait par une vie pure, par la continence et par le jeune. Aux joins de leur toute-puissance, les Césars romains n'osaient braver ni les lois austères de Lycurgue ni les anathèmes des prêtres d'Eleusis contre les profanes. Ce souvenir aurait dû suffire pour réfuter tant de sottes calomnies débitées depuis sur l'immoralité du paganisme.

Mais les initiés doivent se garder de révéler les mystères : les artistes ne reconnaîtraient plus leurs types rêvés, dans les abstractions de l'ontologie ;