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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/39

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le peuple perdrait sa foi sans trouver dans la métaphysique une compensation aux croyances poétiques qu'il aurait perdues. Nul ne peut me voir face à face sans mourir, dit le Dieu de Moïse. Sémélé fut foudroyée pour avoir voulu voir Zeus dans sa gloire. Malheur à ceux qui présument trop de leurs forces ! Parmi les initiés qui sortaient de l'antre d'Hermès Trophonios, il y en eut qu'on ne vit plus jamais rire.

Cependant les races vieillissent ; alors l'esprit se sépare du corps, les mots se dédoublent, l'idée, pour se dégager, rejette l'image, la science brise l'urne du symbole où s'abreuvaient les peuples jeunes et forts. En quittant leur enveloppe, les vérités d'intuition arrivent à la conscience d'elles-mêmes. Est-ce une mort ; est-ce une résurrection ? Il n'est pas un bien au monde qui ne se mesure par un regret ; mais pouvons-nous pleurer la mort de nos dieux et affirmer notre existence, nous, formes fugitives, incarnations passagères de leur éternelle pensée ?

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Où étions-