Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous hier, où serons-nous demain ? Mais les forces divines qui vivaient avant nous renaîtront après nous dans d'autres organes ; les idées qui se révèlent aujourd'hui en nous écloront demain dans d'autres intelligences, comme ce flambeau qu'on se passait de main en main dans les mystères.

Ainsi chaque hiver la terre prend le deuil du soleil ; mais, tant que les sphères amoureuses poursuivront dans l'éther leurs ellipses divines, tant que la terre épanouira ses feuilles et ses Heurs aux baisers du printemps, tous les êtres chanteront en chœur la résurrection d'Adonis et le retour de l'agneau équinoxial. Si l'art doit disparaître du monde, comme au temps où les dieux de la Grèce furent chassés de leurs temples, ils vivront cependant d'une éternelle jeunesse tant que la beauté sera désirable, et qu'on n'aura pas arraché l'amour du cœur de l'homme. Et le Dieu crucifié du moyen âge, fût-il calomnié par les docteurs et les prêtres, bafoué par le peuple, abandonné par ses amis et renié par son apôtre, aura toujours un autel dans les âmes épurées par la douleur et sanctifiées