Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/128

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énergie suppose une volonté. Mais est-ce la nôtre ? Non, c’est une force étrangère ; l’amour n’est pas une action, c’est une passion. Les puissances cosmiques nous l’envoient pour nous employer à leur œuvre créatrice en faisant descendre les âmes dans la naissance. L’amour, c’est un enfant qui veut naître ; les anciens l’appelaient de son vrai nom, le Désir (Éros, Cupido), parce qu’en effet c’est le désir qui appelle les germes à l’existence. Il y a autour de nous des âmes qui veulent s’incarner : pour cela elles se changent en désirs et sollicitent les vivants à leur donner un corps. L’art grec les représente par des enfants ailés : ce sont les désirs qui voltigent autour des amants.

La Beauté est mère du Désir, d’après la mythologie. Qu’est-ce que la beauté ? C’est une harmonie de lignes, une pondération de formes qui annonce l’aptitude à l’éclosion des germes et au perfectionnement de la race. L’ampleur des hanches, la fermeté de la gorge sont des garanties pour l’enfant qui naîtra. Les âmes errantes nous poussent vers nos complémentaires ; elles choisissent, pour entrer dans la vie, les conditions organiques dont elles ont besoin,