Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/147

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ses premières intuitions de la nature des choses. Chaque peuple a tressé avec amour un pan de ce riche manteau semé de fleurs et d’étoiles. Comme la parole traduit la pensée, l’immuable vérité se manifeste par le spectacle changeant des apparences ; c’est là le voile mystique de la grande Isis. Il était transparent pour le clair regard de l’humanité naissante ; la mère universelle n’avait pas de secrets pour l’enfant qu’elle berçait dans ses bras. Il devient impénétrable pour les races vieillies, et aucun œil mortel ne peut le soulever. Les lumières du ciel s’éteignent dans l’ombre du soir, la nature s’enveloppe de silence, ses oracles sont muets pour nous. Nous disséquons une à une toutes les fleurs de sa robe, mais la vie échappe à l’analyse, l’origine et la fin des choses se dérobent à l’œil de la science, et nous ne pouvons entrevoir le secret de notre destinée qu’en interrogeant la langue des symboles, cette langue mystérieuse que parlaient nos pères et que nous ne comprenons plus. Conservons donc, ô Asclèpios, ce dépôt sacré des traditions religieuses ; c’est l’héritage du passé qui doit être transmis à l’avenir. Puisse-t-il traverser les siècles