Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/149

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Ces phases successives sont suivies par la mort, qui ressemble à la nuit et à l’hiver. On doit donc croire aussi que, dans l’histoire comme dans la nature, le printemps succédera à l’hiver et l’aurore à la nuit.

Asclèpios. Qu’entends-tu par la mort d’un peuple, ô Trismégiste ? Si tu veux parler de sa soumission à des étrangers, l’Égypte est morte depuis le temps de Cambyse.

Hermès. La conquête, Asclèpios, peut se comparer, non à la mort, mais à la servitude. Il faut même distinguer, parmi les peuples conquis, ceux qui avaient toujours obéi à des rois et ceux qui avaient l’habitude de se gouverner eux-mêmes. Quand les républiques de la Grèce ont été soumises par les Romains, on a pu leur appliquer le mot d’Homère : l’homme réduit à l’esclavage perd la moitié de son âme ; tandis que pour l’Égypte, il importe peu que son maître s’appelle Ramsès ou Cambyse, Ptolémée ou César. Il en est autrement de la mort des peuples ; elle ressemble à la mort de l’homme et se reconnaît aux mêmes signes. La vie cesse pour l’homme quand l’âme a quitté le corps qu’elle aimait : l’âme des peuples c’est leur religion ; un peuple