Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/171

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Dieux supérieurs. J’aurais cru que toi-même tu étais un de ceux-là, ô Ange gardien, puisque tu as eu pitié de ma raison indécise, et que tu as répondu à mon évocation. Mais tu avais raison, les secrets des Dieux ne sont pas bons à connaître, et j’aurais mieux fait de ne pas t’interroger.

Le Dieu. Tu oublies que je t’ai laissé le choix entre plusieurs réponses, mais je ne t’ai pas dit encore où était la vérité.

L’Homme. Sans doute, mais de quelque côté que je me tourne, tu ne me fais voir que des abîmes. Et pourtant, vous le savez, nos angoisses ne viennent pas d’un égoïste amour de la vie, et nous ne craignons que les séparations éternelles. Mais je le vois maintenant, ceux que la mort a séparés ne se retrouveront ni dans ce monde ni dans l’autre.

Le Dieu. Ce n’est pas la mort qui sépare les âmes, c’est le péché, et le péché est votre œuvre. Quand vous pensez aux morts ils sont près de vous : ils n’abandonnent pas ceux qui s’unissent à eux dans la communion des saints. Mais quand vous les oubliez, ils peuvent bien vous oublier à leur tour et boire de l’eau du Léthé. Ils sont libres