Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/180

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ture notre conscience nous révèle la loi morale. Ces lois d’ordre et d’harmonie qui produisent, dans le monde physique la beauté, dans le monde social la justice, sont précisément ce que les Grecs ont appelé les Dieux, et la véritable étymologie de ce mot est donnée par Hérodote. La morale est la loi spéciale des hommes, ou, comme dit le christianisme, le seul Dieu qu’ils doivent adorer. Elle est leur religion, c’est-à-dire le lien qui les unit dans la mutualité des droits et des devoirs. Elle fait de l’humanité une seule famille, et il est bien indifférent de dire avec les républicains que tous les hommes sont frères ou avec les chrétiens qu’ils sont fils d’un père commun, qui est l’idée du bien et du juste : passez-moi cette métaphore, puisqu’il est convenu que les idées n’ont pas de sexe. Ce n’est pas nous qui créons la conscience, c’est elle au contraire qui fait de nous ce que nous sommes, des êtres moraux et pensants. Si nous pouvions oublier la loi morale ou la méconnaître, elle n’en serait pas moins absolue et éternelle, car elle réside au-dessus des réalités changeantes, en dehors du temps et de l’espace, dans les profondeurs idéales que les religions appellent le ciel. Qui donc nous empêche de lui