Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/182

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Eh bien, cela est en notre pouvoir, comme disaient les stoïciens. Pour faire régner la Justice débarrassons la ruche sociale des frelons inutiles qui dévorent le miel des abeilles, et que chacun ait sa part de vie au soleil, car la vie est un droit et non un privilège. Vivre en travaillant, c’est le cri du peuple dans toutes ses légitimes révoltes, c’est la protestation du droit contre la violence, c’est l’appel du pauvre à l’éternelle Justice : Donne-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour.

Pour que cet appel soit entendu, il faut que chacun respecte et fasse respecter son droit dans le droit des autres hommes, ses semblables et ses égaux. Mais dans une société mauvaise, toutes les lâchetés se liguent avec toutes les violences pour étouffer le droit. Les uns font le mal, d’autres en profitent, les plus nombreux le laissent faire. La Justice vient à son heure, apportant à chacun sa part d’expiation, car personne n’est innocent. Sois clémente, ô Justice, puisque tu es éternelle. Si tu observes les iniquités, qui soutiendra ton regard ? Remets-nous nos dettes comme nous remettons celles de nos débiteurs, pardonne-nous comme nous pardonnons.