Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/183

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Ne nous soumets pas aux épreuves ; le fort s’y retrempe, mais le faible y succombe, et qui de nous est sûr d’en sortir victorieux ? Les uns ont déserté ta cause en la voyant vaincue ; les autres, après avoir conquis leur droit, ont refusé de reconnaître le droit de leurs frères. L’adversité abaisse et rétrécit les cœurs, le bonheur les dessèche et les ferme à la pitié. Épargne-nous les épreuves au-dessus de nos forces, ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal, de celui qui nous vient des autres et de celui qui est en nous-même. Que ta pensée toujours présente nous élève et nous purifie, que nous soyons saints comme tu es sainte, ô Justice, pour être dignes de marcher sous ton drapeau, et si nous devons mourir sans avoir vu ta victoire, que nous ayons du moins la joie suprême d’avoir travaillé à ton œuvre et combattu pour toi.

— C’est fort bien, mais qu’est-ce que vous concluez de tout cela ?

— J’en conclus, monsieur l’abbé, qu’au lieu de détester les républicains, vous devriez reconnaître que vous étiez d’accord avec eux, sans vous en douter.