Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/20

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Je n’oublierai jamais la lecture par lui du Caïn place de la Sorbonne, dans la tombée du crépuscule d’abord, ensuite à la vacillante clarté d’une petite lampe à essence posée de travers sur un monceau de livres et de papiers couvrant la table. Il y avait des sanglots dans la voix de Louis.

À un moment, pris de suffocation, il s’écria, assénant un coup de poing d’énervement passionné sur le livre qui l’hypnotisait :

« On meurt de cela ! mais que c’est beau ! que c’est beau ! »

Et après un silence, il ajouta, revoyant le passé, tout son passé de romantique :

« Nous nous sommes nourris de cela !… »

Sa voix tremblait et ses prunelles fixaient, sondant dans l’espace mélancolisé par l’envahissant du nocturne encore comme flottant :

« Que c’est beau ! que c’est beau ! » Tout à coup, il ferma le volume : « Veux-tu ?… causons d’autre chose ? »

Oh ! alors, il me parla des Grecs et des Grecs et des Grecs ! Il se réfugiait parmi les Grecs ;