Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/240

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Grèce rayonne comme un phare, c’est elle qu’il faut interroger. Eh bien ! on peut le dire à l’éternel honneur de l’hellénisme, il n’y a pas de religion qui ait proclamé si haut ni si clairement la perpétuité de la personne humaine, croyance très différente des doctrines monothéistes ou panthéistes de résurrection des corps ou de transmigration des âmes. Les plus anciennes prières des Grecs contiennent un témoignage formel de l’immortalité personnelle et de la punition des crimes dans une autre vie (Iliade, III, 276 ; XIX, 258). Les Grecs tenaient pour vrai ce qui est conforme aux lois éternelles du beau et du juste ; trouvant la beauté dans l’univers, ils y supposaient la justice. Ils croyaient au libre arbitre et à l’immortalité de l’âme, quoique ces deux affirmations de la foi religieuse ne puissent être démontrées ; mais l’une est la condition, l’autre la sanction de la morale, et la réalité ne peut contredire la loi : cela est, puisque cela doit être ; il ne saurait y avoir ni erreur ni lacune dans l’œuvre magnifique des Dieux.

Les Héros grecs ne s’endorment pas comme les patriarches bibliques à côté de leurs pères ; ils conservent au delà du bûcher une vie indépendante.