Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/31

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J’ai relevé l’autel des Dieux de la Patrie,
Et j’aperçois déjà le temps qui foule aux pieds
Les vieux temples déserts de mes Dieux oubliés.
Au culte du passé j’ai dévoué ma vie.
Bientôt sous sa ruine il va m’ensevelir.
Le passé meurt en moi, victoire à l’avenir !

Et le génie de l’Empire, qui dialogue avec cet ultime païen, s’avoue vaincu, lui aussi ; « Cédons, nos dieux sont morts. »

Il a dit à Julien qu’il ne devait pas se repentir de sa tentative de restauration polythéistiquement religieuse : mais il en constate l’avortement par cette raison des raisons, cette raison qui tranche la question comme la hache tranche, en tombant d’aplomb, une existence condamnée sans appel : « Nos dieux sont morts. » Louis Ménard n’a pas reculé dovant le « Ne touchez pas à la hache » menaçant à la façon du fantome de la fatalité. Il a avancé la main et il a touché.

En rendant les derniers devoirs à ses morts dépouillés par le temps de leur divine immortalité, il a touché à la hache. Ce qui jadis était