Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/35

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        Et qu’ l’anné’ qui vient soit prospère
        Pour les sillons et pour les « sas » !
        Rentrez des charr’té’s d’ grappes vermeilles,
        D’luzarne grasse et d’francs épis,
        Mais n’ fait’s jamais d’récolt’ pareille
        A nout’ récolte ed d’souéxant’-dix.

        Dans mon arpent des « Guérouettes »,
        J’ n’ n’avons ramassé troués,
                            Avec Penette…
        J’n' n’avons ramassé troués :
        Deux moblots, un Bavaroués !


Eh bien ! Est-il téméraire de crier au chef-d’œuvre ? Mais que n’ai-je la place pour vous transcrire ici l’Idylle des Grands Gas comme il faut et des Jeunesses ben sages, Au beau Cœur de Mai, la Berceuse du Dormant, Les Mangeux d’terre, Le Gas qu’a perdu l’Esprit.


           Ohé ! là-bas ! le gros vicaire,
        Qui menez un défunt en terre,
        Les morts n’ont plus besoin de vous.
        Car ils ont biau laisser leurs sous,
        Pour acheter votre eau bénite,
        C’est point ça qui les ressuscite…


Tout au long de cette œuvre vibrante, passionnée, circule la haine des préjugés et des superstitions religieuses, la haine des massacres guerriers, l’amour des misérables et des pauvres, l’amour de la terre… On comprend, quand on relit, aujourd’hui, ces poèmes et ces chansons, les ovations qui accueillaient le petit paysan, demeuré paysan, même à Montmartre. Et on comprend aussi le boycottage savant qui s’organisait autour de ce grand poète, d’ailleurs sans défense et qui cédait ses chefs-d’œuvre pour un louis.

Où sont-ils, maintenant, ces poèmes ? Où, ces chansons éparpillées ? Il arrive, de loin en loin, que quelqu’un qui se souvient vous en confie des bribes. Mais pourquoi des