Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/119

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Un beau jour, il dépouilla le vieil homme, lâcha ses poètes et se jeta dans la bataille ouvrière. Il ne devait pas tarder à devenir un des leaders de ce syndicalisme d’avant-guerre, à la tête duquel brillèrent Griffuelhes, Pouget, Yvetot, Merrheim… Comme la plupart d’entre nous, il s’évada de la rue de Buci pour la voie du correcteur d’imprimerie.

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Quelquefois, le soir venu, nous descendions au « Caveau du Cercle ». Là, on chantait, on déclamait, moyennant le prix d’une consommation. Des artistes y débutaient qui ont fait leur chemin. Des chansonniers apparaissaient, de loin en loin, parmi lesquels le vieux Paul Paillette, l’auteur des Tablettes d’un Lézard, et Charles d’Avray, qui nous débitait les Géants. Toute l’Histoire de France, en quelques couplets :


Charlemagne, tu peux m’en croire,
L’Église a flétri ton histoire.
Elle a du sang sur son blason.
Peut-elle encore avoir raison ?

Ce caveau était situé au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue Grégoire-de-Tours — notre frontière. Je crois qu’il existe toujours. Mais de « mon temps », il réunissait les êtres les plus étranges et les plus opposés : des noceurs, de petites femmes, des rapins, quelques-uns de ces messieurs à ces dames, plutôt rares, et beaucoup de jeunes gens qui jetaient