Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/137

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ment formel. Cessez donc de trembler, mon cher monsieur, car vous tremblez, vraiment, comme si vous étiez tombé dans un puits ténébreux grouillant de bêtes immondes… La peur vous rapetisse. Vous allez nous donner une triste opinion de votre caractère.

Il toussote encore et se replie sur lui-même. Son regard qui me brûle se cache sous l’épaisseur des paupières plissées.

— Il faut que vous sachiez bien qui nous sommes, ce que nous voulons… Tenez-vous bien, cher monsieur Doucet. Quand vous m’avez décoché ce surnom perfide : Ugolin, vous ne croyiez pas si bien dire. Ugolin ! ah !… ah !… la charmante trouvaille !… Eh ! bien ! je relève le défi. Allons-y pour Ugolin ! Les temps qui s’annoncent seront les temps d’Ugolin, le triomphe d’Ugolin. Car, en définitive, si on fouille au cœur de la légende, qu’est-ce qu’Ugolin ? Un pauvre vieil homme qui se meurt de faim et d’épuisement. Un malade qui agonise… Il n’échappe à la fatalité qu’en empruntant les forces qui lui sont nécessaires à des corps plus jeunes, doués de vigueur, épanouis de santé… Il réalise le plus prodigieux des phénomènes d’osmose, la plus féconde des assimilations… la sublime transmutation… Mais… taisez-vous donc… je vous entends… Et je vous prie de croire que je ne suis pas fou… Mais, d’abord, que savez-vous de la folie, de ses limbes et de ses limites, cerveau borné, éclos dans la pourriture des préjugés ?…

Il m’assène un regard dur. C’est vrai. Je viens de me demander si je ne me trouvais point en présence d’un cas de démence bien caractérisé. Mais la sûreté