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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/178

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d’évolution. Il se noie dans ce troupeau, s’y enlise, y perd tout essor. Alors que d’autres destinées le sollicitent, alors qu’il peut se gaver d’espérances et prétendre à la divinité, la froide, l’absurde, la nauséabonde réalité le ressaisit, lui interdit toute évasion. Le boulet des préjugés et des conventions sociales alourdit ses pieds, l’entraîne dans la vase. Il n’est que temps de rejeter toutes entraves. La vie humaine est sacrée, direz-vous. D’accord. Toutes les Morales et toutes les Religions s’entendent sur ce point — théoriquement. Mais voyons la pratique, monsieur, voyons la pratique. L’histoire des hommes n’est faite que d’hécatombes. Elle est écrite dans le sang. Meurtres, rapts, pillages, tortures. À chaque chapitre, des tueries. L’homme tue pour voler, pour conserver ses biens, pour la femme, pour Dieu, pour ses idées, pour son clan, pour sa Patrie, pour la Loi et même, ô dérision ! pour rien, pour ce qu’il appelle l’Honneur ! Un individu n’est-il pas de l’avis du prêtre ou du législateur, c’est la prison, le supplice, la mort. Jeux du Cirque romain et pouillerie des Catacombes ! Inquisition et Saint-Barthélemy ! Guerres et révolutions ! Toujours, partout, l’Assassinat ! Crimes et Souffrances. Écartèlements, gibets, croix, tenailles, bûchers, grils, petite et grande question et question extraordinaire, guillotine, électrocution, et aussi les mitrailleuses, les canons, les avions, les gaz, demain les bactéries entrant dans la danse… Ah ! douce humanité ! L’homme est un loup pour l’homme, a dit un philosophe. Allons donc ! Les bêtes tuent, selon la loi, pour manger. L’homme, lui, tue pour tuer.