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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/198

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Église. Ce n’est pas moi qui suis l’inventeur de l’eunuchisme. On prétend que c’est Sémiramis, reine de Babylone. Toutes les religions, à l’exception de la mahométane, l’ont acceptée. Cependant, quoique les Ulémas condamnent la castration, les eunuques pullulent chez les musulmans et dans tout l’Orient. Barbarie, direz-vous. Soit. Car rien ne justifie ces pratiques. Mais, alors, que penser des civilisés et des gens d’Église qui, durant des siècles, les acceptèrent, les préconisèrent ? Les uns après les autres, les papes se sont servis de ténors châtrés. Et vous n’ignorez point que les chanteurs castrats jouissaient d’une renommée universelle. Au XVIIe siècle — ce n’est pas très vieux — l’électeur de Bavière possédait une chapelle où se réunissaient nombre de castrats sous la direction d’Orlan de Lassus. Le théatin Zaccharia Pascaligus, de Vérone a publié un traité sur la castration où il affirme que la voix des castrats imite celle des chérubins du ciel. Allégri, l’auteur du Miserere, était châtré. Vittori, Balthazar, Férri, Matteuci étaient châtrés. Ce dernier, notez-le, mourut à quatre-vingts ans. Et Crescentini, châtré aussi, fit pleurer Napoléon d’émotion, en chantant devant lui Roméo et Juliette. Je pourrais multiplier les exemples. Vous m’objecterez que les Papes… Oui, je sais… Papam virum habemus, testiculos habet… Mais cette cérémonie spéciale fut imposée à la suite de l’aventure de la papesse Jeanne qui mit bas en pleine procession des Rogations. Pour les autres, la castration était une opération toute naturelle. Au début du christianisme, il y eut même exagération. Saint Basile, Saint Jean-Chrysostome,