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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/233

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Le rédacteur en chef m’a poussé dans son bureau, rejette la porte sur le nez des curieux. Il y a du monde dans le bureau, quelque chose comme un conseil de guerre. Sans attendre, fébrile, le chef questionne :

— Eh bien ! quoi ?… D’où sortez-vous ?… Ugolin ?… Que s’est-il passé ?

J’y vais de mon histoire. Voilà. Parti pour un rendez-vous galant, je me suis vu brusquement attaqué, vers les onze heures du soir, en plein boulevard de Clichy, à l’angle de la rue de Douai. Un bâillon, un tampon d’ouate sur la bouche, un goût d’éther, un bruit de véhicule, c’est tout. Après, le réveil dans une sorte de cave. On m’a gardé là, soigneusement, scrupuleusement, sans, d’ailleurs, me faire le moindre mal. Puis — était-ce le jour ? Était-ce le soir ? — on m’a lancé dans je ne sais quelle salle noire où je me suis trouvé en présence d’Ugolin.

— Ugolin ? Vous avez vu Ugolin ?

— Non, je ne l’ai pas vu. Je l’ai entendu. Voix caverneuse et menaçante. Le Monstre se dissimulait dans le fond de la salle, plaqué dans l’ombre. Des gardiens me tenaient les deux bras. Et voici ce que le Monstre m’a dit.

— Il a parlé… Il vous a dit…

— Il m’a dit : « Vous avez devant vous le maître du monde, le Dieu de demain. Je veux que tout l’univers soit courbé sous mon omnipotence. Les gouvernements, les rois, les puissants de ce globe doivent abdiquer. Tous les hommes seront mes serviteurs et je vais changer la face des choses… »