tations humaines ne sont plus collées les unes sur les autres, en un tas pouilleux. Elles ne piquent plus du nez vers l’azur outragé ; elles s’égrènent parmi les espaces verdoyants, sur les bords des routes larges comme des fleuves. Le globe entier tend à se fleurir de maisons légères, ceinturées de feuillages touffus. Paris n’est plus Paris. Les rues, les places, les boulevards, autant de termes surannés et de choses désuètes que les hommes de ce temps sont incapables de reconstituer même par la pensée. Prisons, casernes, usines, forteresses, couvents, collèges, boxons, léproseries grillagées, champignons massifs d’une moisissure sociale, vous n’êtes plus que duvets de nuages.
Les laboratoires dispensent toutes choses : chaleur, lumière, rayons vivifiants, nourriture. Le sol suant, bousculé, surmené, fait le reste. J’ai beau me frapper la poitrine, descendre au tréfonds de moi-même, me torturer le conscient et le subconscient, je ne puis le céler : les hommes sont affranchis de mille maux ; ils se développent béatement, sans le souci de leur devenir. Ils sont heureux. Heureux ! Heureux ! Je vous dis qu’ils sont heureux, puisqu’ils s’ébattent tels des canards dans une mare, parmi les eaux sans rides d’un — ah ! voici le mot qui vient sous ma plume… le mot que j’hésite à tracer — ne lisez pas ; j’écris : Automatisme social.
Ugolin est tenace. Il lui a fallu une volonté en bois d’ébène et la conviction de son éclatante supériorité