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foulé la main aujourd’hui et je n’ai plus la force d’écrire.

Adieu.

CII

Paris, 5 décembre 1844.

J’avais juré de ne pas vous écrire, mais je ne sais pas si j’aurais pu tenir mon serment encore longtemps. Pourtant, je ne pensais pas que vous fussiez souffrante. Notre promenade avait été si heureuse ! Je ne croyais pas possible que vous pussiez en garder un mauvais souvenir. Il paraît que ce qui vous irrite, c’est que je suis plus entêté que vous. Voilà une belle raison et dont vous devez bien vous faire gloire. Ne devriez-vous pas plutôt avoir honte de m’avoir rendu tel ! Et puis vous dites que je suis dur, et vous me demandez si je m’en aperçois. Franchement, non. Pourquoi ne m’avertissez-vous pas ? Si je l’ai été, je vous en demande pardon. Il me semble qu’en nous en allant, vous n’aviez pas un seul grain de