Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/417

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étranges, et il faudrait que nous eussions en vous une confiance…

Bertrand. Parbleu ! vous ne risquez que douze cents francs à vous tous, et moi je risque mon cou !

Le comte de Fierdonjon. Oui ; mais, mon brave, une fois arrivé à Paris, si vous vous laissiez graisser la patte par la police pour tout dire ?…

Le marquis de Malespine. Et la promesse de pension qui témoignerait contre nous !

Bertrand. Est-ce que vous me croyez capable de vous dénoncer ? Morbleu ! messieurs, vous allez voir quel homme je suis. (Il déboutonne son habit, et tire d’un sac de cuir pendu sur sa poitrine une lettre qu’il jette sur la table.) Lisez ce papier, vous qui savez lire, lisez !

Édouard. Il est un peu gras, le papier ; n’importe. (Lisant.) « Nous, lieutenant général des armées du roi, certifions à tous qu’il appartiendra que Joseph Bertrand, dit Sanspeur, major dans notre armée, s’est toujours comporté loyalement et bravement dans toutes les occasions où il s’est trouvé. Son courage et son dévouement sont au-dessus de tout éloge. En foi de quoi nous lui avons délivré le présent certificat, espérant qu’il pourra lui être utile un jour.

Signé Henri de La Rochejacquelein.

» Du quartier général de S… y 179… »

Bertrand. Qui de vous peut montrer un papier signé d’un honnête homme qui réponde de son honneur et de sa fidélité ?

La comtesse, regardant du côté de la cour. Que vois-je ? grand Dieu !

Le comte. Qu’est-ce encore ?… une araignée ?

Édouard. Un gendarme à cheval entre dans la cour.

Tous, se levant. Un gendarme !