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Scène XIII.

LE COMTE, LA COMTESSE, ÉDOUARD, BERTRAND.

Le comte, à la comtesse. Ouvrez cette lettre — je n’ose pas la lire.

La comtesse, ouvre la lettre et la parcourt des yeux. Ô ciel !

Le comte, tremblant. Hélas !

La comtesse. Est-il possible !… Vous êtes nommé chambellan de l’impératrice.

Le comte. Il serait vrai ? Ô bonheur !

La comtesse, froidement. C’est sans l’avoir demandé. (Édouard rit aux éclats.)

Le comte, bas. Qu’avons-nous fait, et quel égarement coupable ?…

La comtesse. Chut ! oublions cette journée. — Bertrand, mon ami, venez nous voir de temps en temps… Ne vous gênez jamais pour chasser sur nos terres… et… tenez, voici pour acheter un bonnet neuf à votre femme. (Elle lui offre de l’argent.)

Bertrand, refusant. Ma femme n’a pas besoin de bonnet.

La comtesse. Vous pouvez compter sur notre discrétion.

Bertrand, avec un sourire de mépris. Je vois que vous comptez sur la mienne.

La comtesse. Oui, mon cher Bertrand, j’y compte… Voudriez-vous…

Bertrand. Vous faites bien… Toute réflexion faite, il vaut mieux chasser aux perdrix. Madame et messieurs, serviteur. — Ici, Médor !

(Il sort.)

Édouard, appelant par la fenêtre. Holà ! hé, messieurs, bonnes nouvelles ! c’était une fausse alerte !… revenez… Ha ! ha ! ha ! en voilà un qui est tombé dans la