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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/101

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petite partie des dons que tu m’as faits, que je partage avec eux le bonheur que tu me fais goûter auprès de toi.

H. Nouman. Bon cœur ! n’est-ce que cela que tu demandes ? Ton père et tes sœurs viendront en cette ville, et je marierai richement tes sœurs, n’eussent-elles qu’une faible partie de ta beauté.

Mojana. Je me prosterne à tes pieds.

Zeïn derrière la scène. Esclave, retire-toi, ou je te tue.

H. Nouman. Qui ose pénétrer ici ? — Mojana, mets ton voile.

Entre Zeïn le poignard à la main ; Mojana se cache derrière le sofa.

Est-ce Zein qui entre ainsi quand son ami est avec son esclave ?

Zeïn. Nouman, quand je t’ai donné l’hospitalité dans ma tente de feutre, ai-je sauvé un crocodile qui devait un jour me mordre et rire de sa morsure 11 ?

H. Nouman. Que veux-tu dire, Zeïn ?

Zeïn. Qui t’a donné la hardiesse d’insulter Zeïn, le fils d’Amrou, le scheick 12 des Humeïdas ?

H. Nouman. Eh ! qui de nous deux est insulté ?

Zeïn. Maure rusé, pourquoi m’offrais-tu ton argent, quand tu m’avais enlevé celle que j’estimais plus que le trésor du kalife ?

H. Nouman. Moi !

Zeïn. N’as-tu pas acheté l’esclave d’Abou-Taher ?

H. Nouman. Eh ! quels droits avais-tu sur elle ?

Zeïn levant son poignard. Tu vas les voir.

Mojana se jetant entre eux deux. (Son voile tombe.) Arrête, méchant ! tu me tueras avant lui.

H. Nouman. Tu as donc perdu la raison, Zeïn ? toi lever le poignard sur Hadji-Nouman ! Que t’ai-je fait ? N’avais-je pas les mêmes droits que toi sur cette esclave ? Ne l’ai-je pas achetée de mon argent ? Est-ce ma faute, si tu as été si lent à conclure ton marché ?

Zeïn regardant fixement Mojana, d’un air égaré. Tu as raison.

H. Nouman. Voilà donc tes folies. Et si cette femme ne se fut jetée entre nous deux, tu aurais tué ton frère !

Zeïn. Moi, je ne pourrais jamais te tuer ; Gabriel te cou-