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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/159

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Inès. Il est mort !

Pedro. Le Seigneur ait pitié de lui, et lui remette ses péchés !…

Inès. Elle me l’a tué ! (Elle s’évanouit.)

Mendo. Coquin, tu as tué ma fille !

Pedro. Madame… madame… revenez à vous ! ne croyez pas un mot de tout ce que j’ai dit… le seigneur de Mendoza n’est pas mort…

Inès. Mendoza ?

Pedro. Il vit et se porte bien, mais…

Inès. Grâce à Dieu, je le reverrai donc !

Pedro. Je ne sais si vous le reverrez…

Inès. Pedro, dis-moi tout, ne me cache rien.

Pedro. Vous voulez savoir la vérité ?… Eh bien ! il est à Elvas, avec cette duchesse qu’il appelle sa chère Sérafine. Je l’ai vu avec l’écharpe portugaise, et l’on en dit bien d’autres sur son compte. Moi, quand j’ai vu cela, j’ai demandé mon congé. La duchesse m’a donné de l’argent pour dire qu’il était mort, et votre mari avait l’air d’y consentir. Mais plût au ciel que ses ducats se fussent fondus dans ma main et m’eussent brûlé jusqu’aux os !… J’ai manqué par mon mensonge faire mourir ma bonne maîtresse. (Silence.)

Inès sanglotant. Je n’en reviendrai pas !

Mendo à part. Ce que j’avais prévu est arrivé. — (Haut.) Inès !

Inès. Mon père !

Mendo. As-tu encore les habits que tu portais à Monclar ?

Inès. Oui, mon père.

Mendo. Va les reprendre. — Quitte tout ce que ce parjure t’a donné. Ne garde rien à lui. — Nous ne devons pas rester plus longtemps sous son toit. Tu m’accompagneras à Badajoz. — L’abbesse des Ursulines te donnera un asile.

Inès. Donnez-moi votre bras… je suis bien faible…

Mendo. Viens… appuie-toi sur mon bras moi, je suis ferme… allons !

Ils sortent.