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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/167

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Doña Urraca. Mais… Que vous êtes insupportable !… Voyons, fermez la fenêtre.

Don Pablo. Encore un, vous n’en pécherez pas davantage.

Doña Urraca. Non, laissez-moi, de grâce.

Don Pablo. Qu’avez-vous là au cou ?

Doña Urraca. C’est un chapelet avec des Agnus Dei, bénits par notre Saint-Père le pape.

Don Pablo. Mais mon portrait ? ma chaîne ? qu’en avez-vous fait ? Ah ! Urraca, vous avez donné la chaîne, j’en suis sûr, à ce père Bartolomé du diable, pour orner le col de quelque madone.

Doña Urraca. Non, tout est dans ma cassette, mais j’ai pensé que dans un jour comme celui-ci…

Don Pablo. Un jour comme celui-ci devrait être rayé du calendrier !

Doña Urraca. Y pensez-vous, don Pablo ? N’est-ce pas aujourd’hui ?…

Don Pablo. Tenez, parlons d’autre chose. — Vous devriez bien prendre un confesseur plus vieux. On en jase, et moi j’en suis inquiet.

Doña Urraca. Épargnez au moins une sainte personne, si vous n’avez pas plus d’égards pour moi.

Don Pablo. Parbleu ! je le traite comme il le mérite, car je suppose qu’il vous dit bien du mal de moi.

Doña Urraca. Au contraire, Pablo. Ce pauvre homme ! il espère que vous vous convertirez un jour, par… Il y a longtemps que je pèche pour vous sauver, ingrat.

Don Pablo. Oui, vous savez combien je suis reconnaissant de toutes vos bontés, mais faites-moi encore un dernier sacrifice. Congédiez honnêtement Fray Bartolomé.

Doña Urraca. Non, il était le confesseur de mon mari, avant qu’il ne partît pour le Nouveau-Monde, et don José s’est toujours bien trouvé de ses conseils.

Don Pablo. Eh ! par cent charretées de diables ! c’est précisément pour cela qu’il faut lui fermer la porte. Comment ! vous avez quitté votre mari pour moi, et vous ne quitteriez pas votre diable de confesseur ?

Doña Urraca. Oh ! ne jurez pas, je vous en supplie, Pablo… un mercredi des Cendres !