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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/179

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Don Pablo. Faire pénitence publique ?,., entrer au courent ?… Peste ! rien que cela ? Je baise très-humblement les mains de mon infante, mais j’aime encore mieux être pendu que moine.

Doña Urraca. Impie jusqu’à la fin ! Et tu ne penses pas à l’enfer qui t’attend ?

Don Pablo. Trêve de sermons. Écoutez, on me pend demain, ma belle amie. Aujourd’hui est à moi. Profitons de l’occasion, et faites-moi passer encore quelques bons moments.

Doña Urraca. J’aimerais mieux, païen, mettre moi-même le feu à ton bûcher.

Don Pablo. Oh ! oh ! quel joli petit langage ! N’êtes-vous point folle, Urraca, ou bien ne peut-on entrer dans ses murs sans devenir dur et méchant comme un inquisiteur ?

Doña Urraca. Choisissez, monsieur ; je vous le répète, la mort, ou la vie aux conditions que je vous ai dites ?

Don Pablo. Monsieur ! de plus fort en plus fort ! De grâce, qu’avez-vous ?

Doña Urraca. Je sais que vous n’avez plus qu’un jour à vivre… Comme votre ancienne amie… comme ayant été votre amie, j’aurais de la joie à voir votre repentir.

Don Pablo. Je suis donc bien enlaidi dans la prison, pour que vous me traitiez de la sorte ?

Doña Urraca. Je vous en conjure, monsieur, laissons ces idées d’un autre temps. Je vous en supplie, faites pénitence.

Don Pablo. Eh ! mille diables ! ne finirez-vous pas ? Ce langage m’ennuie à la fin. Urraca, si vous êtes dans un accès de dévotion, moi, j’ai une rage d’amour. Ainsi laissez là votre pénitence et votre couvent…

Doña Urraca. Don Pablo, je te déteste ! mais repens-toi, je t’en conjure !

Don Pablo. Toi, me détester !

Doña Urraca. Oui, traître ! mais tes perfidies, tout atroces qu’elles sont, ne me font pas désirer ta mort.

Don Pablo. Traître ! perfidies ! Passe encore pour impie, mais je n’ai de ma vie trahi personne.

Doña Urraca. Tu n’as trahi personne !

Don Pablo. Non, je n’ai trahi personne. Je soupçonne don