Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/28

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— Aujourd’hui, mes amis, ajouta Bonaparte, je vous remets en mémoire cet entretien de la pyramide pour vous engager à discuter, entre vous, la réforme du costume et de la coiffure. Vous adopterez ce qui vous paraîtra convenable pour cette longue et ardente expédition, ne nous arrêtons pas au milieu de la pyramide allons jusqu’au sommet.

Dès ce moment, on déploya dans Saint-Jean-d’Acre une grande activité de préparatifs. Les soldats, initiés dans le secret de la nouvelle expédition, redoublaient d’ardeur, et de travail, chacun dans la spécialité de sa profession première, pour hâter le moment d’un départ qui devait les lancer sur le chemin de l’inconnu indien. On rétablissait aussi avec beaucoup de soin les fortifications, démantelées par un long siége ; car tous ne devaient pas suivre Bonaparte ; quinze cents hommes, choisis parmi les moins jeunes et les moins alertes, furent réservés pour occuper Saint-Jean-d’Acre et la défendre contre toute attaque du côté de la terre ou de la mer. Les nouveaux costumes des soldats n’avaient aucun rapport avec les vêtements des Macédoniens ; ils rappelaient l’Albanais et le Palicare. Chaque homme portait un léger manteau roulé, qui devait servir au passage des montagnes, et devait souvent aussi être utile dans les nuits humides des climats brûlants.

On attendait pour partir l’arrivée des chrétiens de la vallée du Liban et l’arrivée des chrétiens de la division que Desaix ramenait de la haute Égypte. Ces deux renforts furent accueillis avec une joie égale. Denon accompagnait Desaix et apportait avec lui son trésor d’antiquités égyptiennes.

— « Mon cher Denon, lui dit Bonaparte, votre travail est