Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/43

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gagné sa fameuse fluxion de poitrine, dont parlent tous les historiens.

— Un héros qui prend une fluxion de poitrine ! dit Bonaparte : c’est humiliant !

— Un héros, reprit Desgenettes, est un homme qui craint les bains glacés ; quand il est couvert de sueur. Jean-Bart est mort d’une pleurésie.

— Bien dit Denon, voilà un fait qui nous ramène à notre première discussion avec le général… Pourquoi docteur Desgenettes, la science a-t-elle fait si peu de progrès ? Jean-Bart mort d’une pleurésie, sans pouvoir trouver un Philippe, et, vingt siècles avant Jean-Bart, Philippe, docteur macédonien, guérissait Alexandre avec un breuvage !… Quel était ce breuvage ? Pourquoi a-t-on perdu la recette de ce breuvage qui mettait un malade sur pied, et subitement ?

— Ah dit Desgenettes, l’histoire n’a pas donné la recette de ce médicament.

— l’histoire est bien coupable, reprit Denon ; toutes les victoires d’Alexandre ne valent pas ce breuvage, qui guérit une fluxion de poitrine en un clin d’œil. Nous connaissons la recette pour faire une phalange macédonienne, voilà tout ; j’aimerais mieux l’autre. Les médecins sont bien coupables de ne pas nous l’avoir transmise, de faculté en faculté, par tradition.

— Mais, docteur Desgenettes, dit Bonaparte, Denon n’ajoute pas qu’il a découvert, lui, ce fameux remède de la faculté macédonienne contre les fluxions de poitrine.

— Ah ! voyons dit le médecin je suis tout disposé à vous applaudir, mon cher confrère Denon.