Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/56

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la présence du président du Directoire exécutif… Je lui dédie cette pirouette, au citoyen Siéyes.

— Ah dit Saint-Ange ; Siéyes est au théâtre ?

— Il y est toujours, dit Hoffmann.

— Hoffmann, dit la danseuse, tu te feras fuctidoriser !

— Saint-Ange, ajouta Hoffmann, tu devrais profiter de la présence de Siéyes, pour lui offrir un exemplaire de tes Métamorphoses d’Ovide.

— Bon ! ajoute cela ! comme dit Racine, dans les Plaideurs, s’écria Saint-Ange.

— Il choisit bien son jour, dit la danseuse, pour décocher ses traits malins à Siéyes, on dit qu’il est d’une humeur épouvantable ; s’il ne me donne pas un applaudissement, j’accorde tous mes plus tendres sourires au parterre, au tiers état.

— Que lui est-il donc arrivé, au président de l’exécutif ? demanda Mallet-Dupan.

— Tiens ! — dit la danseuse, un journaliste qui ne connaît pas la grande nouvelle du jour.

— Mais je ne suis journaliste que quatre fois par mois ! dit Mallet-Dupan.

— Je savais la nouvelle à cinq heures, répliqua la danseuse ; mon ci-devant me l’a apprise à mon petit lever.

— Eh bien voyons ! dites-nous la nouvelle ! chantèrent en chœur tous les écrivains du foyer.

— Ah çà ! me prenez-vous pour un Mercure ? reprit la danseuse… Tenez, adressez-vous à la source. Voilà deux exécutifs, les citoyens Lagarde et Moulin… Avec vos enfantillages, vous m’avez fait perdre quatre-vingt-quatre battements… Laissez-moi travailler.