Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/7

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à ces belles fêtes de nuit qui incendient le grand fleuve Yangtsé-Kiang, dans le riche pays de Kiang-Sou. Ainsi, ce que l’autre lune n’a pu faire, du moins jusqu’à présent, la Chine le fait ; elle a trop longtemps regardé la terre du haut des balcons de son céleste empire ; elle descend toutes les marches de son grand escalier de porcelaine, elle vient assister à nos fêtes de nuit. Qu’elle soit donc la bienvenue ! Nous avions besoin de cent millions de travailleurs vierges pour labourer plusieurs autres petites lunes qui sont à l’ancre sur les océans du soleil.

Dans les circonstances présentes, telles que l’insurrection chrétienne des Mings les a faites, un livre qui nous parle de la Chine doit être accueilli avec une faveur universelle ; aussi à peine publié, le Voyage en Chine du capitaine Montfort marche à sa seconde édition. M. Montfort a visité cinq fois le Céleste-Empire ; homme cinq fois heureux ! Il connaît ce pays inconnu mieux que personne ; il a franchi plus de fleuves en Chine que de ruisseaux en France ; il a failli se marier à Canton, à Macao, à l’embouchure du fleuve Jaune ; plus adroit, il a vu marier chinoisement son ami Sidore Vidal, un de ces Marseillais qui se marient partout, comme les Arthurs des comédies ; il a vendu et acheté des marchandises sur toutes les échelles de l’Océan du sud ; il a bravé l’ombre mortelle des mancenilliers ; il a passé, mèche allumée, à travers les pirates de la Malaisie ; il a vu de près les forbans de Bornéo ; il a serré les mains des cannibales philanthropes ; il s’est assis à toutes les tables hospitalières des gouverneurs anglais ; il a aimé platoniquement toutes les créoles ; il a visité la grotte de Camoëns en pèle-