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CHAPITRE V

comparer au Madère ou au Xérès. Les crus les plus connus sont ceux d’Erivan et d’Etchmyadzine. Mais la vigne ne peut réussir qu’à condition d’être cachée sous terre pendant les froids ; durant les chaleurs de l’été, elle doit être arrosée comme tous les autres végétaux cultivés par l’homme.

À partir d’Erivan, toutes les constructions sont en pisé ; le peu de soin que l’on apporte à leur entretien, leur donne toujours un aspect ruiné. Comme il est facile de bâtir une masure en pisé, il semble que les habitants préfèrent laisser leur demeure tomber tranquillement en ruines pour en rebâtir ensuite une nouvelle, plutôt que de se donner la peine d’un entretien soigneux. C’est d’ailleurs là une note caractéristique de l’Oriental ; un travail quelque léger qu’il soit, lui pèse par sa continuité ; il préfère se reposer pendant un temps et laisser aller les choses, quitte à fournir ensuite rapidement une très forte somme de travail.

Au sortir d’Erivan l’on traverse une plaine semée de cailloux à laquelle succède rapidement la région arrosée où, jusqu’au relais de Kamerlou[1] les villages se touchent presque. L’eau, extrêmement limoneuse, doit être un fertilisateur excellent. La chaleur est étouffante ; pour comble d’agrément de nombreuses files de chameaux soulèvent par leur marche pesante des nuages de poussière. De Kamerlou à Çadarak, où nous passons la nuit, le pays est presque désert ; c’est un steppe sans culture, couvert d’arbustes nains parmi lesquels domine le câprier.


16 Septembre.

Le vieux Chalikof nous avait annoncé une route « excellente » : cette route est une piste dans le steppe : océan de poussière ou de boue suivant la saison.

À 10 ou 12 verstes de Çadarak débouche la vallée de l’Arpatchaï[2]. De l’eau et une pente propice pour l’irrigation ont

  1. À quelques verstes au Sud de Kamerlou se trouve le couvent de Kor-Virab, sur les ruines de l’ancienne Artaxata ; mais nous ne pouvons songer à nous arrêter : la Russie est en danger !
  2. Ne pas confondre avec l’Arpa-tchaï venant d’Alexandrapol.