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NAKHITCHÉVAN − LE BEÏRAM-ALI, ETC.

avec lui que 72 hommes (?) lorsqu’il se trouva en face de l’armée ennemie. Quoique l’issue du combat ne put être douteuse, il se retrancha de son mieux avec ses compagnons et soutint pendant deux jours les attaques de l’ennemi.

À la fin du deuxième jour ses compagnons étaient presque tous tués ; lui-même était criblé de blessures ; épuisé par la perte de son sang, il tomba de cheval.

On envoya successivement un grand nombre de soldats pour lui trancher la tête ; mais tous refusaient avec horreur cette mission sacrilège ; ceux qui approchaient de lui avec le plus de résolution, fuyaient dès qu’ils voyaient son visage.

Enfin deux hommes, Sinan-Ibn-Arwa et Shoumour-Zil-Djowschoun, excités par la promesse d’une forte récompense, s’avancèrent pour le décapiter. Shoumour se voilà le visage. « Qui es-tu, cria Hussein ; ôte ton voile ! » Shoumour obéit. « Attendez un moment, poursuivit Hussein ; c’est aujourd’hui vendredi, c’est le dixième jour du mois de Moharrem et c’est l’heure de la prière ; laissez-moi vivre encore quelques instants pour prier. » Après ces paroles, il se prosterna ; les assassins profitèrent de ce moment et lui tranchèrent la tête. On emmena ensuite sa famille en captivité et on porta sa tête sur une pique à travers toutes les villes.

Ces meurtres enlevèrent l’empire aux Alides ; mais leurs partisans se perpétuèrent, transportant la lutte autant sur le terrain religieux que sur le terrain politique. Une dynastie arabe, celle des Fatimites (909−1171) prétendit descendre d’Ali. La Perse fut le vrai refuge des partisans religieux d’Ali qui furent appelés Schiites. Ils rejettent les Khalifes antérieurs à Ali comme usurpateurs ; leur doctrine est paraît-il plus orthodoxe (?) que celle des Sunnites qui reconnaissent la succession des Khalifes.

Les Schiites vécurent assez effacés jusqu’au xive siècle, où Seffi-ed-Din d’Ardébil propagea beaucoup cette secte ; son petit-fils Ismaïl profita des persécutions infligées par les descendants