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LE PAYS D’OURMIAH, ETC.

guère d’inquiétude, et laisse-t-il, en temps ordinaire, libre cours aux critiques. Dans les cafés toutes les nouvelles se débitent et les « politiques » critiquent le gouvernement en toute franchise ; celui-ci, pourvu que le monde se laisse convenablement tondre, ne se met guère en peine de paroles, en quoi il fait preuve d’un grand bon sens.

L’argent est rare, dans les campagnes surtout ; la plupart des transactions se font par des échanges, les uns, déterminés d’avance, les autres après coup, comme compensation en face d’une insolvabilité notoire. Le numéraire s’en va à l’étranger pour payer les importations, que les exportations sont loin de balancer.

Quant aux prêts d’argent, la rareté du numéraire et l’instabilité des conditions les mettent à des taux fantastiques. Dans le commerce le taux est de 12 à 24 %, et ces conditions sont jugées raisonnables ; l’usure proprement dite ne commence qu’au delà de cette limite ; elle s’élève jusqu’à 40 et 60 %, sans y comprendre les intérêts des intérêts, qui sont scrupuleusement comptés.

Nous n’avons guère vu les Persans proprement dits. Dans l’Aderbeidjân il y en a peu ; les habitants sont de races mélangées : Kurdes, Turcs, Arméniens, Chaldéens, et la langue turque y est bien plus répandue que la persane. On peut dire que l’élément persan est en général plutôt opprimé ; la dynastie des Aftchars (Nadir-Shah), ainsi que la dynastie actuelle des Kadjars ont une origine turkmène ; mais la civilisation persane a pénétré ces éléments étrangers, bien que les vrais Persans ne soient guère concentrés que dans le Farsistan.

D’ailleurs, quand on parle de race fixe, il faut entendre le peuple ; les seigneurs, et à plus forte raison les maisons souveraines perdent rapidement leur race par les croisements étrangers ; les Géorgiennes ayant toujours passé pour les plus belles esclaves, il n’y a presque pas de famille princière qui n’ait du sang géorgien. Les Persans, en prenant ce terme comme syno-