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CHAPITRE XXII

échelle à Môsoul : — vous donner la permission répond le maire, est chose impossible ; bâtissez ; si la chance veut que personne ne réclame pendant la construction, on fermera les yeux. Une fois les ponts bâtis, la municipalité réclamera pour la forme ; mais on ne saurait faire démolir des constructions terminées.

Les métiers sont ici pour ainsi dire répartis par religions ; tous les maçons sont chrétiens ; tous les perruquiers musulmans. À Baghdâd, paraît-il, ainsi qu’à Khosrâva, il n’y a pas un seul maçon chrétien.

Une maladie fort curieuse, mais très répandue dans le pays, c’est la « hapta » ou maladie de la peur. Sous l’influence, soit du climat, soit de la nourriture, le système nerveux des habitants est des plus délicats ; une taloche donnée par derrière à un enfant qui ne s’y attend pas, un rien en un mot, provoque cette maladie ; les hommes eux-mêmes y sont sujets, bien que moins fréquemment que les femmes. Le malade est saisi d’un accès de peur effroyable pendant lequel il s’affaiblit, se fond littéralement ; la mort s’en suit souvent. Il paraît que, prise à temps, la hapta peut se guérir en provoquant chez le malade, dans certaines conditions, un nouvel accès de peur ; on prend par exemple une étoupe que l’on allume avec les plus grands préparatifs possibles sous les yeux du malade, et très gravement, très solennellement on lui fait une légère brûlure. Cette opération provoque un paroxysme de peur et la réaction est souvent salutaire.

La manne de Mésopotamie est un des produits les plus célèbres du pays ; sa consistance est sirupeuse et son goût sucré ; on la rencontre dans le commerce en galettes verdâtres.

Son origine a donné lieu aux hypothèses les plus contradictoires. Voici ce que les personnes les plus sérieuses nous ont rapporté sur ce produit extraordinaire.

La manne serait un précipité atmosphérique, une sorte de rosée ; elle se dépose sur les feuilles d’arbres, voire sur les rochers. Elle tombe plus particulièrement en Juillet, dans les montagnes du Kurdistan ; plus rarement à Môsoul. On attribue,