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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/149

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faire, j’entends l’accomplir par la route de terre. Une vingtaine de kilomètres à peine nous sépare des côtes de l’île que nous apercevons. Je vais prendre le commandement de quelques hommes pour tenter d’y arriver. Nous emporterons assez de vivres pour une longue carrière, et, Dieu aidant, nous arriverons à ce point inconnu du globe qui a déjà fait l’objet de tant d’héroïques tentatives. »

Quelques-uns essayèrent de dissuader M. de Kéralio. Il réfuta toutes les objections. Son âge ne pouvait l’empêcher de se risquer à une telle entreprise. Il n’était pas venu jusque-là pour reculer, et il se croyait le droit de rappeler à ses compagnons que, chef de l’expédition, l’ayant organisée avec ses seules ressources, il pouvait, sans égoïsme, se réserver le mérite de la découverte.

« Je suis persuadé, s’écria-t-il dans un élan d’enthousiasme, que par delà cette barrière inopportune je retrouverai la mer libre. »

Devant cette volonté énergique, fondée sur une inébranlable conviction, les compagnons de M. de Kéralio s’inclinèrent. Il ne restait donc plus qu’à mettre à exécution le projet.

Dès le 21 juin au matin, on débarqua sur la glace du champ le plus grand des traîneaux, disposé de manière à recevoir l’une des embarcations, nécessaire pour le cas où l’on aurait des allées d’eau à franchir. Comme M. de Kéralio allait tenter une expérience décisive, on décida qu’il valait mieux ne pas remettre à plus tard l’épreuve que l’on comptait faire avec le ballon. Un second, puis un troisième traîneau furent descendus, et reçurent les diverses pièces du ballon et du sous-marin destinés aux investigations aériennes et marines.

Jusqu’à ce moment le secret le plus impénétrable avait été