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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/160

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ture, peut-être l’en eût-elle dissuadé. La science aurait sans doute perdu quelque chose à ce renoncement, mais combien y auraient gagné le repos, le bonheur même de ceux qui lui étaient chers !

Elle pleurait silencieusement, mais les sanglots la secouaient. Et Salvator, comprenant que sa maîtresse était triste, avait posé doucement sa belle tête intelligente sur les genoux d’Isabelle, et, par de petits cris plaintifs, témoignait de l’immense commisération qui emplissait son propre cœur.

La jeune fille vit ce regard de chien, et, s’oubliant, elle lui dit :

« Nous irons ensemble les chercher, n’est-ce pas, mon bon chien ? »

Salvator ne pouvait répondre oui. Mais il agita joyeusement la queue et poussa un petit aboiement qui témoignait de son attachement. Isabelle l’entoura de ses bras et le baisa sur le front. Elle était consolée.

L’île parcourue et visitée, île à laquelle les explorateurs avaient donné le nom de Courbet, l’Étoile Polaire sortit de son port, que Lacrosse avait baptisé Crique Longue, et se dirigea vers l’ouest, à la recherche de la colonne.

On naviguait toujours en eau profonde. Cependant le 8 juillet les vigies firent toutes des remarques qui jetèrent un certain trouble dans les esprits. Le steamer se trouvait au centre d’une sorte de bassin de dix milles environ de diamètre, presque entièrement ceint d’un cercle de hautes glaces paléocrystiques. La mer, dans cette façon de lac, était d’une merveilleuse limpidité et la surface n’offrait aucune apparence de frazi.

On eut bientôt le secret de cet étrange phénomène. Dès son-