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Page:Macé - Morale en action, 1865.djvu/56

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rait pas forcer à les lire. Pour être sûr que les livres seront lus, nul moyen meilleur à employer que d’amener les communes à se les donner elles-mêmes.

C’est donc là le véritable terrain d’action des Sociétés de Bibliothèques communales, non pas créer, mais faire créer des Bibliothèques. Si nous étions en Angleterre, je dirais qu’il s’agit d’organiser une agitation dans le pays, agitation pacifique celle-là, et féconde, qui ne pourra rien ébranler, parce que son effet se produira partout sur place.

Il faut s’entendre pourtant. Il est bien certain que le paysan absolument illettré ne va pas se trouver d’un jour à l’autre pris d’un beau feu pour acheter des livres. Ce serait compter sur un miracle que d’aller frapper à cette porte-là. Mais il y a, au sein même de la population des campagnes, un élément accessible aux raisons à faire valoir en faveur de l’établissement des Bibliothèques communales. Notaires, médecins, instituteurs, ministres des cultes, propriétaires aisés, chefs de fabrique dans les contrées industrielles, on peut trouver partout à qui parler. Ceux-là comprennent à quoi sert le livre, et du moment qu’ils sont mis en demeure de l’aider à pénétrer plus avant dans les classes laborieuses, c’est leur devoir de citoyens et de chrétiens d’y contribuer, au moins par une attitude favorable à l’institution proposée. Une commune serait bien déshéritée qui ne posséderait pas quatre ou cinq hommes capables de se former en commission, de réunir d’abord entre eux quelques livres, de demander au Conseil municipal un vote ratifié d’avance par l’autorité supérieure, et d’administrer la Bibliothèque qu’ils auront créée.