Page:Mac-Nab - Poèmes mobiles, 1890.djvu/17

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trouvère facétieux qui semble chercher le manche à balai de la Fantaisie pour s’envoler au pays des lunes grimaçantes et des soleils de carnaval ?

Le public a-t-il senti au fond de lui-même, sans le dire à personne, que l’heure de la naissance d’un poète funambulesque avait sonné, et que le petit Mac-Nab allait sortir de l’inconnu, tenant à la main son livre de monologues et bégayant avec respect : « Saint Banville, priez pour moi » ?

Je l’ignore. Je ne peux que le souhaiter !

Si le public n’a aucun pressentiment de l’heure joyeuse de votre arrivée, alors c’est à moi de lui crier : « Voilà Mac-Nab ! Attention ! »

Si la foule tant affairée, et par conséquent quinteuse et peu malléable, a par hasard envie de ce que vous lui apportez, quelle veine vous avez, Mac-Nab, vous tapez dans le mille !…

Et moi barnum, moi cornac, je deviens inutile !

Car les préfaciers ressemblent aux guides qui, en voyage, récitent les monuments : on ne les écoute pas !

On admire ou on n’admire pas les monuments, pendant que les guides font ouah ! ouah ! ouah ! —

C’est la même chose pour les livres.

On n’écoute pas à la porte les préfaciers qui font ouah ! ouah ! ouah !…

On entre dans le livre en disant du faiseur de boniment qui se tient tout près de la couverture : « En voilà un qui veut