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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

faute, cochon ! Nous avons fait chapelle[1]. Il secouait l’homme à la barre.

― Tu es encore soûl, soûl comme un cochon. Tout le monde à la manœuvre.

Il siffla.

Les hommes, mal réveillés par la secousse et les idées un peu obscurcies par la double ration de rhum, arrivaient en se bousculant.

― Monsieur Gornedouin, c’est cé cochon, qui nous a fait faire chapelle.

Krühl, Éliasar arrivaient à leur tour.

― Qu’est-ce qu’il y a, fit ce dernier en écarquillant les yeux.

― Tout lé monde à la manœuvre, glapissait Heresa, ah le salaud !

Toutes les voiles étaient masquées. Krühl et Éliasar joignirent leurs efforts à ceux de l’équipage.

Ils passèrent le reste de la nuit à s’abîmer les mains contre les cordages.

Enfin, l’Ange-du-Nord reprit sa course. On en était quitte à bon compte.

Heresa descendit prendre son bol de café dans le salon. Il était furieux.

― C’est votre rhum, s’écria-t-il en apercevant Krühl, c’est votre rhum, qui nous vaut cette avanie. Mujer, jé né veux plus dé ces his-

  1. Un bâtiment fait chapelle lorsque les voiles, précédemment pleines, deviennent masquées sans qu’on le veuille.