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LE SOLEIL DE CARACAS

malentendu entre la passivité brutale et l’activité d’une mémoire trop sensible.

Après avoir pris le chemin de fer qui mène de la Guayra à Caracas, Krühl, Eliasar et Joaquin Heresa promenèrent leurs complets de flanelle dans la ville aux quarante ponts.

Krühl, sur les conseils du capitaine, enrichit son trésor de perles et de pierres précieuses de quelques échantillons d’une beauté incontestable qu’il serra précieusement dans la ceinture dont il ne se séparait jamais.

L’affaire fut traitée par un Hollandais d’Amsterdam : un tout petit vieillard avec une figure en cire à peine colorée qui dissimulait l’intelligence trop réelle de ses yeux sous d’énormes lunettes en écaille.

― Dans trois ans, écoutez-moi, monsieur, dans trois ans, le cours de ces diamants aura doublé, écoutez-moi bien, monsieur.

― Vous lui avez procuré une excellente affaire, dit Eliasar au capitaine, tandis que Krühl payait le Hollandais.

― Jé lé pense, répondit Heresa avec un doux sourire, ce qui vient dé la flûte né doit-il pas rétourner au tambour ?

Les trois amis passèrent quarante-huit heures à Caracas, et Krühl déclara nettement qu’il