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LA CAVERNE DES BOÎTES À SARDINES

― C’est évident, répondit Krühl. Le temps n’a pas manqué d’apporter quelques modifications à la nature du terrain. Le plus important pour nous est de découvrir le Champignon. C’est très embêtant, la carte ne porte pas d’échelle.

― D’après cé qué jé constate, dit le capitaine, l’île dé Chita, puisqué c’est son nom, peut avoir une quarantaine de milles dé tour. Lé Champignon doit se trouver à dix kilomètres, sur notre droite dans cette direction.

― Alors en route, fit Krühl, en remontant la bretelle de sa carabine d’un coup d’épaule décidé.

Krühl marchait le premier, derrière lui suivaient le capitaine Heresa et Eliasar qui tâchait de dissimuler ses préoccupations ; les trois matelots fermaient la marche.

Il s’agissait d’atteindre la corne d’un boqueteau qui couronnait une petite colline d’où, Krühl l’espérait, on pourrait prendre vue sur une bonne partie de l’île.

La chaleur suffocante ralentissait la marche de la petite troupe. Les hautes ombellifères dissimulaient l’horizon et de temps à autre Eliasar était obligé de se hisser sur les épaules de Conrad pour essayer d’apercevoir un détail quelconque qui servît à le mettre sur la trace du fameux Champignon.

― Je ne vois rien, si ce n’est des herbes et des herbes. Nous paraissons en ce moment contourner la colline. Cette colline, je la connais d’ail-